Article
Octobre
2020
Riccardo Tommasi
Business developer
Webinar « Définition des EMT et déclaration de conformité » : vos questions, nos réponses

Nous nous sommes engagés à répondre à chacune des questions posées lors du webinar #8 : «Définition des EMT et déclaration de conformité », qui a eu lieu jeudi 08 Septembre à 10H30. Vous trouverez dans cet article l’ensemble des questions qui ont été posées via le chat et auxquelles nous n’avons pas pu répondre en live. Nous restons à votre disposition par mail pour obtenir le support de présentation ou pour toute autre précision.

Définition des Erreurs Maximales Tolérées et déclaration de conformité

Questions/Réponses

 

Question : Pouvez-vous nous donner les noms des 2 logiciels gratuits de vérification d’EMT ?

Réponse : Il n’existe pas à proprement parler de logiciels de vérification d’EMT. En revanche, le LNE met à disposition un logiciel (CASoft ) en téléchargement gratuit qui permet de calculer les risques globaux et spécifiques suivant les préconisations de la norme NF ISO / IEC GUIDE 98-4. Vous le trouverez sous ce lien.
De notre côté, nous proposons une feuille Excel, gratuite également, qui permet de calculer le risque global et le calcul de bandes de garde qui optimisent la somme pondérée des risques client et fournisseur.
Nous pouvons également vous aider pour le calcul des risques spécifiques via une application. N’hésitez pas à revenir vers nous en cas de besoin.

 

Question : Le laboratoire doit-il déclarer la conformité en tenant compte ou non de ses incertitudes ?

Réponse : Dans l’ISO 17025 :
7.8.6 Rendre compte des déclarations de conformité
7.8.6.1 Lorsqu’une déclaration de conformité à une spécification ou norme est fournie, le laboratoire doit documenter la règle de décision utilisée, en tenant compte du niveau de risque (tel que fausse acceptation, faux rejet et hypothèses statistiques) associé à la règle de décision utilisée, et appliquer cette règle de décision.
NOTE Lorsque la règle de décision est spécifiée par le client, des règlements ou des documents normatifs, il n’est pas nécessaire de procéder à un examen approfondi du niveau de risque.

7.8.6.2 Le laboratoire doit établir un rapport sur la déclaration de conformité de façon que cette déclaration identifie clairement:
a) les résultats auxquels s’applique la déclaration de conformité;
b) les spécifications, la norme ou les parties de celle-ci qui sont – ou non – respectées;
c) la règle de décision appliquée (à moins qu’elle ne soit inhérente à la spécification ou à la norme demandée).
NOTE Voir le Guide ISO/IEC 98-4 pour plus d’informations.

Interprétation de ce point par le LAB REF 02 :

7.8.6. Rendre compte des déclarations de conformité
Conformément au document ILAC P14, un laboratoire d’étalonnage doit systématiquement prendre en compte l’incertitude de mesure pour formuler une déclaration de conformité. Toutefois, dans certains cas, il peut être difficile d’effectuer des déclarations de conformité en prenant en compte l’incertitude de mesure (normes obsolètes, difficultés techniques spécifiques …). Le laboratoire doit alors justifier formellement les raisons du choix retenu.
Pour les essais, l’utilisation de l’incertitude de mesure pour déclarer la conformité est à la fois fonction des exigences exprimées par le client et de celles contenues dans les référentiels.

7.8.6.2
Les déclarations de conformité sont couvertes par l’accréditation si l’ensemble des résultats pris en considération pour conclure sont couverts par l’accréditation.
Lorsque le laboratoire rassemble dans un rapport unique les résultats de ses déterminations et celles obtenues de prestataires externes, l’éventuelle déclaration de conformité ne peut être couverte par l’accréditation que si :
– les conditions définies au § 6.6 du présent document sont satisfaites ;
– le laboratoire et ses prestataires externes ont produit leurs résultats sous accréditation ;
– le laboratoire réalise la déclaration de conformité, conformément aux exigences du présent paragraphe.
Le laboratoire doit distinguer sans ambiguïté dans son rapport sur les résultats les déclarations de conformité émises sous accréditation de celles émises hors accréditation.
Les laboratoires d’étalonnage accrédités doivent tenir compte de l’incertitude de mesure dans la déclaration de conformité, sauf cas particuliers (Voir § 7.8.6 LAB REF 02). Pour que la déclaration de conformité soit couverte par l’accréditation tous les résultats pris en compte pour conclure doivent être couverts par l’accréditation.
Pour les prestations essais, l’emploi de l’incertitude dans la déclaration de conformité dépend des exigences du client et de celles des référentiels mis en œuvre.

Il est possible de présenter dans un document couvert par l’accréditation des résultats qui ne le sont pas. Dans ce cas, les résultats doivent être clairement identifié. Il n’est donc pas rare, jusqu’à ce jour, d’avoir des déclarations de conformité clairement identifiées comme non couvertes par l’accréditation dans des documents sous accréditation. Dans ce cas, la section traitant de la conformité est identifiée par « (* hors accréditation COFRAC » (ou toute mention équivalente) et indique « La déclaration de conformité ne tient pas compte des incertitudes de mesure ».
[ndr : Un remerciement particulier à Raynald Girault pour cette réponse très travaillée.]

 

Question : Peut-on faire une C2I avec par exemple les balances ayant des portées différentes ?

Réponse : Oui mais dans ce cas, certaines mesures, hors portées, ne pourront pas être faites. Il faut donc s’assurer qu’il y aura assez de balances pour chaque mesurande car la qualité des tests de Mandel dépend du nombre de valeurs à traiter.

 

Question : Je crains qu’il soit difficile de défendre les C2I devant les Auditeurs qualiticien. C’est pourtant excellent et logique comme procédé …

Réponse : Une norme ou un fascicule de documentation sont des documents produits par un groupe de travail composé de spécialistes du sujet. Ces documents sont ensuite validés, soit par le public (cas des normes dans le cadre les enquêtes d’utilité publique), soit par une commission de normalisation composée d’experts (cas des fascicules de documentation et de leurs enquêtes commission). De ce fait, un auditeur n’a aucune légitimité pour remettre en cause une norme. Il peut éventuellement critiquer la façon de la mettre en œuvre (par exemple la définition des périmètres) mais il n’a pas autorité pour les remettre en cause !

 

Question : « L’à peu près » des écarts entre les valeurs des différents résultats est limité à combien ? comment sait-on que tout est statistiquement sous contrôle en C2I?

Réponse : Comme tous les tests statistiques, cet « à peu près » est quantifié par un niveau de confiance. Traditionnellement, on accepte des erreurs de décision à 5%, voire 1%, et ce sont ces limites qui sont employées dans les exemples du fascicule. Néanmoins, chaque métrologue peut choisir ses propres niveaux de confiance et c’est pourquoi les expressions analytiques des valeurs critiques sont données dans le fascicule.
Attention tout de même : à trop vouloir se protéger dans un sens, on fait exploser les erreurs de décision « dans l’autre sens ». Autrement dit, plus on veut être sûr de détecter des instruments ayant des problèmes, plus on risque de trouver des problèmes sur des instruments qui n’en ont pas. Tout cela est une histoire d’équilibre …

 

Question : Si je comprends bien, les C2I ne sont pas loin des cartes de contrôle ?

Réponse : On ne peut pas vraiment dire ça. Le principe d’une carte de contrôle est de mesurer le même objet pour observer une évolution dans le temps. Dans le cas des C2I, on vérifie que tous les instruments donnent des valeurs cohérentes sur une entité, entité qui change au cours du temps. Si les deux outils ont pour objectif de détecter des problèmes, leur modalité respective reste très différente.

 

Question : Dans la Comparaison entre les instruments de mesure, il y aura la difficulté de traiter plusieurs incertitudes de mesure (chaque instrument aura son U).

Réponse : Il faut bien comprendre la notion de « périmètre ». On mélange, dans une même C2I, des instruments qui peuvent être utilisés « l’un pour l’autre » dans le quotidien de l’entreprise. On cherche donc à s’assurer qu’il n’y en a pas qui sont trop éloignés des autres, ce qui signalerait un problème potentiel. L’incertitude de mesure « contient » les erreurs des instruments mais pas seulement (les 4 autres M …). En fait, le fascicule précise bien qu’il faut faire en sorte que les autres facteurs contribuent le moins possible (même opérateur, courte période de temps). Lorsque les instruments douteux sont exclus, on peut déterminer la variance « inter-instruments », variance qui peut être utilisée dans le calcul d’incertitude du périmètre, sans passer par une approche de type B …

 

Question : Quel écart accepter pour la surveillance inter-instruments ?

Réponse : Cf question : « L’à peu près » des écarts entre les valeurs des différents résultats est limité à combien ?

 

Question : Nous avons besoin de savoir comment la notion d’incertitude entre dans la déclaration de conformité de l’équipement avec l’erreur maximale tolérée.

Réponse : Cf question : Le laboratoire doit-il déclarer la conformité en tenant compte ou non de ses incertitudes ?

 

Question : On peut avoir une erreur maximale d’ajustage (< EMT…) ?

Réponse : Il est assez classique de prévoir deux limites. On peut en effet prévoir une limite au-dessus de laquelle on prévoit une action de maintenance sur l’instrument sans que le dépassement de cette limite ait risqué de provoquer des problèmes qualité. Mais là encore, il faut avoir une stratégie qui tient, ou pas, compte de l’incertitude (Cf questions précédentes).

 

Question : Un appareil avec erreur systématique uniquement devrait être ajusté ? Non ?

Réponse : Certains instruments sont ajustables et d’autres non. Dans le cas où il n’est pas possible d’agir sur l’instrument pour corriger ses indications, l’exploitation d’un certificat d’étalonnage doit permettre de déterminer les corrections à appliquer aux indications. Les auteurs du VIM ne s’y sont pas trompés et c’est pourquoi, en 2008 (12 ans déjà sans que cela n’émeuve trop les étalonneurs semble-t-il …), la définition du mot étalonnage a évolué. On parle désormais d’une phase 1 (la phase historique des mesures, des écarts et des incertitudes) mais également d’une phase 2 au cours de laquelle il convient de déterminer une relation entre les valeurs mesurées et les valeurs étalons. C’est cette relation, le modèle, qui permet d’établir les corrections s’il doit y en avoir.
Le Collège Français de Métrologie a réuni un groupe de travail pour aider à résoudre cette question. Ce groupe a produit un guide et un logiciel, M-CARE, téléchargeable gratuitement. La modélisation est en effet un sujet complexe qui ne se limite pas à ajouter une courbe de tendance sur un graphique Excel1. Il s’agit de déterminer les coefficients du modèle pertinent mais également leurs incertitudes et le résidu, c’est-à-dire ce qui n’est pas expliqué par le modèle. Il s’agit aussi, en tenant compte des incertitudes d’étalonnage, de s’assurer que le modèle est significatif, c’est-à-dire qu’il provient bien de l’instrument et pas des erreurs du laboratoire. Deltamu a développé, pour cela, le concept de « signature du processus d’étalonnage », concept qui a été retenu dans le guide du CFM et mis en œuvre dans M-CARE (voir programme de formation métrologie dédié)
Une fois ce travail de décomposition entre la part systématique et la part aléatoire des erreurs de l’instrument, il convient de s’assurer qu’il satisfait bien à l’utilisation prévue. Il est possible de ne pas avoir à faire de correction mais il est également possible que ce soit nécessaire de la faire eu égard aux attentes. Cette analyse est assez complexe, il faut le reconnaitre. Elle a fait l’objet d’un long développement dans cet article : E.M.T : Un spaghetti dans une boite de Toblerone.

1 : Ceux qui s’intéressent à cette question pourront revoir le webinar Modélisation des résultats d’étalonnage que nous y avons consacré et l’article dans lequel nous répondons aux questions du chat.

 

Question : Si on n’est pas dans la production et on est juste dans un laboratoire Est ce que on calcule le coefficient de capabilité ?

Réponse : Nous critiquons depuis toujours le concept de capabilité appliqué à la vérification des instruments de mesure. Si, dans le cadre d’une production, la capabilité du processus de mesure fait sens, puisqu’il s’agit de s’assurer que la dispersion des mesures permet de voir la dispersion du procédé, ça ne fonctionne plus lorsqu’il s’agit de déclarer telle entité conforme ou pas eu égard à ses tolérances.
Comme nous avons beaucoup publié sur ce sujet, nous vous invitons à consulter :
https://www.deltamu.com/fr/ressources/telechargement/18/
https://www.deltamu.com/fr/ressources/telechargement/61/
La question de la conformité d’une entité est traitée par la norme NF ISO / IEC GUIDE 98-4. Il s’agit de calculer le risque spécifique tel que défini dans la norme et s’assurer qu’il est compatible avec les risques acceptables par le client (ce que le concept de capabilité ne permet en aucun cas de faire !)

 

Question : Merci de noter que la norme 14978 v2006 est périmée il y a la nouvelle version v2018.

Réponse : Un grand merci pour cette remarque tout à fait pertinente. En effet, la norme a évolué en 2018, notamment le paragraphe 6.1.2 (Normes relatives aux équipements de mesure) qui stipule désormais « Si nécessaire et si possible, les normes relatives aux équipements de mesure spécifiques peuvent contenir des valeurs numériques pour les MPE et les MPL et, dans ce cas, les normes doivent être claires en ce qui concerne la possibilité de spécifier d’autres valeurs » alors que la version précédente, sur ce sujet, indiquait « Exception faite de quelques exemples (c’est-à-dire l’ISO 1938 et l’ISO 3650), les normes relatives aux équipements de mesure spécifiques doivent exclure toutes valeurs numériques des MPE et des MPL en comportant toutefois des tableaux vides dédiés aux valeurs de MPE et de MPL, qui serviront de lignes directrices ou de canevas à l’utilisateur de la norme ».
L’esprit a donc effectivement un peu évolué, probablement sous la pression des prestataires d’étalonnage qui ont besoin de pouvoir déclarer des conformités (c’est ce que leurs clients demandent) sans pouvoir étudier sérieusement, au cas par cas, tous les contextes d’utilisation industrielle. On remarque néanmoins qu’il est désormais demandé explicitement que « les normes doivent être claires en ce qui concerne la possibilité de spécifier d’autres valeurs »

 

La vidéo intégrale du webinar est disponible sur notre chaîne youtube!

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