Revue « Pour la science », Mai 2013
J’ai publié il y a quelques jours un billet dont le titre était Ces apparences qui nous mentent…
Quel plaisir de lire ce jour, dans le dernier numéro de la revue « Pour la science » (Mai 2013), le petit article suivant dans la rubrique Bloc-Notes :
Comprendre : Une illusion
Dans la spéculation comme dans le vie quotidienne, nous sommes entourés de réalités inaccessibles, de l’origine du monde ou de la vie jusqu’à ce qui se passe dans la tête d’autrui. Les théories qui tentent de rendre compte de ces réalités nous offrent un plaisir que les réalités nous refusent : nous pouvons les comprendre. Hélas, le plaisir de comprendre tend un piège à la pensée. En effet, que nous nous initions à des sciences difficiles ou que nous nous contentions des pseudo-théories soutenues par des magazines à sensation, notre plaisir à nous expliquer quelques phénomènes qui nous intriguaient ne garantit pas la pertinence de ce que nous avons compris. On peut comprendre des absurdités ! Les Anciens comprenaient surement leurs théories, aujourd’hui invalidées. Et le fait que nous comprenons nos propres théories n’assure pas qu’elles ne connaitront jamais le même sort.
Ne rien comprendre fait souffrir. Pour éviter cette situation, nous ne sommes que trop disposés à nous persuader que nous avons compris telle ou telle théorie pourtant hasardeuse. Ainsi mise au service de notre plaisir à comprendre, la raison ne peut mettre l’irrationnel en déroute, parce que celui-ci peut toujours lui répondre : qui es-tu pour me condamner, toi qui cautionnes tant d’erreurs ?
La recherche du vrai serait diablement facilitée, si le fait de comprendre une théorie était un critère fiable de la validité de celle-ci.
Merci Monsieur Didier Nordon pour ce texte