ISO 9001 : Stop ou encore ?
Cette célèbre émission m’inspire le titre de ce billet. Il me semble en effet très pertinent eu égard à la question que l’évolution vers la version 2015 de cette norme désormais « historique » doit faire poser à nos organisations industrielles.
Récemment, j’ai publié un article sur l’évolution de la certification ISO 9001 dans le monde qui montre le peu d’engouement des entreprises françaises (et pas seulement) à s’engager dans cette démarche. Elles ont même une tendance manifeste à s’en détourner (voir plus bas).
Si, indéniablement, l’ISO 9001 a mis en évidence l’impérieux besoin de structurer les entreprises pour évoluer vers l’indispensable « satisfaction Client » et les a aidées à comprendre les moyens de l’atteindre, n’est-il pas temps de s’interroger sur la pertinence de faire sanctionner cette organisation par des auditeurs ? En effet, ces derniers sont rarement au fait des évolutions de chaque métier des entreprises qu’ils auditent, ce n’est d’ailleurs pas ce que le système de la certification leur demande. En revanche, le temps passé à obtenir la satisfaction d’un auditeur n’est-il pas finalement préjudiciable à l’intérêt même de l’entreprise, dans un monde où les ressources sont de plus en plus limitées et la compétition de plus en plus prononcée ? En 2013, le ministre Montebourg s’interrogeait déjà sur ce point …
De plus, nous pouvons probablement nous accorder sur le fait que ce système n’a pas vraiment tenu toutes ses promesses car chacun voit bien que le nombre des audits « Client », censés être remplacés par la certification « tierce-partie », n’ont finalement pas tant diminué que ça.
On nous répète chaque jour à quel point « France » est synonyme de « Qualité » dans le monde, que le label « France » se suffit presque à lui-même alors est-il besoin d’obtenir une autre preuve pour gagner des marchés ou nous manque-t-il autre chose ? A en croire nos résultats à l’international, on peut se poser la question :
Note : La valeur de 2003 semble être une anomalie dans le fichier fourni par l’ISO
Il est évidemment difficile de tirer des conclusions sur la base de ces 2 graphiques. D’aucuns pourraient dire que la dégradation croissante de la balance commerciale pourrait s’expliquer par la non certification, d’autres pourront répondre que, certifiées ou pas, les raisons de nos problèmes trouvent leurs origines dans d’autres facteurs.
Ce qui est factuel, c’est que le désamour de l’industrie française pour la certification se poursuit depuis 2010 et a même l’air de s’accélérer en 2016. La période de croissance (1993 à 2010) n’a apparemment pas, quant à elle, réussi à compenser la dégradation de nos résultats sur la scène internationale. Par ailleurs, de nombreuses entreprises ne sont pas certifiées et cela ne les empêche pas de réussir. Par exemple, combien d’entreprises françaises présentes au CES 2017 ont-elles une certification ISO 9001 ?
En 2017, les enjeux pour l’industrie me semblent bien différents qu’en 1990, date approximative du démarrage de la dynamique « ISO 9000 ». A l’époque, il fallait réviser les pratiques industrielles pour améliorer la capacité à respecter ses engagements (Coût, délai, qualité) et la norme a été indiscutablement d’une grande utilité. Un peu comme une mauvaise position peut être corrigée par quelques séances de kiné, la norme a permis d’inscrire dans les pratiques du quotidien industriel des usages qui me semblent assimilés par la plupart. Mais une fois les bonnes habitudes prises, est-il vraiment nécessaire de les faire confirmer périodiquement par une tierce-partie ?
L’avenir est incertain et tumultueux. Des technologies émergent tous les jours et certains pays sont en avance sur nous. Peut-être faut-il s’intéresser un peu plus aux défis de demain qu’aux totems du passé ?