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Examen systématique périodique de la norme ISO 10012

Comme toutes les normes, la norme ISO 10012 (« Système de management de la mesure – Exigences pour les processus et les équipements de mesure ») entre dans sa période d’examen systématique. En effet, il est prévu que tous les 5 ans, les normes soient remises en question afin de s’assurer qu’elles restent en adéquation avec les besoins des industriels. Il y a 5 ans, cette norme était encore jugée suffisamment d’actualité pour qu’elle soit reconduite « en l’état ».

Comme vous le savez, les normes ont un impact direct sur le quotidien des gens qu’elles concernent.Sans l’ISO 9001, il est probable que la Métrologie des entreprises n’existerait pas, en tout cas pas comme elle se présente aujourd’hui. Sans l’ISO 9001, la plupart d’entre nous, métrologues,ferait probablement autre chose de leur vie, de plus, ou de moins, passionnant.

Une norme, c’est souvent un moyen pour obtenir des moyens et faire avancer « le schmilblick ». Ressentie comme une obligation, elle impose par elle-même les ressources qui permettent de la mettre en œuvre. Les lobbyistes l’ont bien compris et font le maximum pour défendre des exigences qui leur permettront de générer du « business », ce qui est bien naturel. Cela fait partie intégrante « du jeu » de la normalisation.

L’examen périodique de cette norme, pilier de la fonction Métrologie (même si elle ne s’impose pas systématiquement dans le cadre de l’ISO 9001 par exemple), est probablement l’occasion de faire progresser le métier de métrologue d’entreprise. Il est nécessaire, pour cela, de formuler des commentaires pertinents et de les défendre au niveau des commissions de normalisation pour tenter de les faire « passer », c’est à dire de les faire entrer dans la norme…

Les commissions « Métrologie » (X07B) et « Qualité et Management » (X542) sont chargées par l’AFNOR de voter pour la confirmation ou la modification de cette norme. Coté Métrologie, le sujet sera débattu lors de la commission plénière programmée pour le 15 octobre prochain. La commission Métrologie a donc lancé une consultation auprès de ses experts, dont je suis, pour « construire » la position française.

Je me propose par conséquent d’être votre porte-parole. Je porterai vos commentaires, sous réserves de consensus, au niveau de la commission. Dans cet objectif, j’ai préparé un support Excel que vous pourrez trouver et compléter en suivant ce lien.

Il faut que les commentaires soient remis pour le 30 Septembre au plus tard. Je vous invite donc à être très réactifs car un mois, c’est très vite passé, souvenez vous de vos vacances…

La version actuelle date de 2003. L’examen périodique de 2008 a conclu qu’une révision n’était pas nécessaire. A ce jour, la norme a 10 ans et les esprits ont largement évolué depuis

Après une relecture attentive, je trouve personnellement que la norme, dans sa version actuelle, donne trop d’importance à l’instrument de mesure qui n’est qu’une partie du processus de mesure dont elle doit traiter, suivant son titre et son introduction. Si l’instrument est important, l’environnement des mesures et les objets mesurés eux-mêmes peuvent l’être plus encore. Il me semble que la future norme gagnerait à développer tous les facteurs du processus, en considérant l’instrument comme l’un d’eux, ni plus, ni moins. La qualité des mesures est obtenue si tous les facteurs sont sous maitrise, et surtout si les principaux sont connus et surveillés. Or, qui peut dire, sans démonstration, que les instruments sont toujours le facteur le plus important ?

Dans le chapitre 5.1, le rôle de la fonction Métrologie mériterait d’être développé pour que les directions d’entreprise soient sensibilisées à son importance, c’est à dire à son rôle dans la qualité des mesures, donc des décisions qui en découlent.

Dans le chapitre 5.2, la notion de « client » mériterait d’être éclaircie. Même si, dans le reste du texte, on peut supposer qu’il ne s’agit pas uniquement des clients de l’entreprise, ce concept de « client » devrait être au minimum défini en intégrant l’ensemble des interlocuteurs. Lire Qui sont les interlocuteurs du Métrologue dans l’entreprise ?

Le chapitre 6.1, « Ressources humaines », devrait également évoluer en intégrant les évolutions probables de la prochaine ISO 9001. Cette dernière devrait mettre en avant le rôle des « hommes » dans les systèmes Qualité. Elle parlera de compétence, de connaissance mais aussi, et peut être surtout, de conscience. Le métrologue a un rôle à jouer dans la prise de conscience, à tous les niveaux de l’entreprise, de ce qu’est en réalité une mesure, c’est à dire une valeur approchée de la réalité. Il s’agit donc d’accompagner, de former, de sensibiliser les acteurs. Ce chapitre mérite d’être développé.

Pour ce qui est du chapitre 7, concernant la confirmation métrologique et la mise en œuvre des processus de mesure, aucune mention n’est faite sur les règles de décision. La norme nous parle d’incertitudes, mais elle ne nous précise pas comment elle doit être considérée. Le minimum serait, à mon avis, de renvoyer, voire d’expliquer, les concepts définis dans la norme ISO 14253-1 et la nouvelle norme NF/ISO/IEC Guide 98-4. Dans ce même chapitre, je pense qu’il serait important de préciser que les périodicités doivent être évaluées techniquement, et pas uniquement sur la base de multiples ou sous-multiples de l’année, choisis arbitrairement.

Pour finir, je crois que l’annexe A, même si elle n’est qu’informative, n’est pas assez complète. Elle axe trop le débat sur l’instrument de mesure, sans tenir vraiment compte des autres facteurs du processus de mesure. Elle pourrait, par exemple, mettre en avant les surveillances des processus de mesure, seule stratégie permettant de garantir la qualité quotidienne des mesures…

Voilà donc le débat lancé… Je vous invite à faire part de vos suggestions via le fichier Excel de commentaires. Il est là pour cela, n’hésitez pas !

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